Notre voyage de 2021

Après deux ans de sevrage, nous voici enfin de retour à Addis Abeba. Les retrouvailles avec Tamiru, le directeur de l’orphelinat, à la sortie de l’avion sont pleines d’émotion, contents que nous sommes de nous revoir enfin après cette période désastreuse dans nos pays respectifs.

Addis a encore changé pendant cette période, je suis étonné du nombre de personnes portant le masque en ville. Les règles sont drastiques et la police veille à leur respect. Nous petit déjeunons ensemble et survolons ce qui s’est passé pendant ces deux ans, nous rentrerons dans le détail durant la semaine

Nous arrivons à Burayu le samedi matin pour être sûrs de voir tous les enfants en même temps. Tamiru m’a prévenu au préalable que les plus grands m’attendent de pied ferme avec moult demandes et sollicitations. Il ne s’est pas trompé. Nous commençons par les photos qui nécessitent la présence des enfants parrainés par l’association de Maria puis nous attaquons un tour de l’orphelinat. Tous sont très contents de nous voir. Mon premier sentiment est que les choses ne se sont pas dégradées autant que je le craignais.

 Bien sûr les locaux ont deux ans de plus et les toitures des deux toukouls ont souffert de la très grande saison des pluies. Ils ont bien tenté de réparer avec une bâche de plastique mais elle ne supporte pas le soleil et se fend. Je leur propose de recouvrir les toits de tôles ondulées comme je l’ai vu faire en territoire Gurage.

 C’est un sacrilège à mes yeux mais ce sera plus pérenne. Finalement notre chauffeur qui est gurage va tenter de trouver de l’herbe et des travailleurs pour réparer ou refaire les toits, il faut faire vite car la saison de l’herbe sera bientôt passée. Il pense que nos toits ne tiennent pas parce que nous ne faisons pas de feu à l’intérieur et donc que la fumée ne joue pas son rôle d’imperméabilisant et d’insecticide.

Les dortoirs sont propres mais tristes, la peinture faite il y a sept ans est passée, Tamiru nous dit que les grands pourraient faire eux-mêmes leur propre dortoir. Nous allons donc acheter la peinture et les mettre en route.

Idem pour la cuisine qui est noire de suie et dont les foyers sont cassés. Les casseroles sont en équilibre instable sur le bûcher ce qui est dangereux, plusieurs jeunes aident à la préparation des repas ; au menu jus d’avocat pour les vitamines et churo avec injera.

S.H prépare les avocats, on voit sur la photo que les foyers sont abimés

Les travaux des toilettes reprennent ce lundi. Le ciment est de nouveau disponible, très cher mais disponible. Nous manquons également d’eau pour ces travaux. La très longue saison des pluies ne nous a pas aidés, je n’ai jamais vu autant d’érosion due au ruissellement de l’eau. Nous allons suivre cela de près.

L’eau potable devient un gros problème, y compris dans Addis. L’eau du réseau n’arrive qu’un jour par semaine et il faut stocker de plus en plus, nous allons devoir racheter un gros container en plastique en plus des trois que nous possédons déjà. Notre puits ne donne plus. La pompe fonctionne encore mais ne crache qu’un peu d’eau boueuse. Des hydrologues sont venus et conseillent de creuser un nouveau forage un peu plus loin, ils vont vérifier la présence d’eau et le débit potentiel.

L’eau potable devient un gros problème, y compris dans Addis. L’eau du réseau n’arrive qu’un jour par semaine et il faut stocker de plus en plus, nous allons devoir racheter un gros container en plastique en plus des trois que nous possédons déjà. Notre puits ne donne plus. La pompe fonctionne encore mais ne crache qu’un peu d’eau boueuse. Des hydrologues sont venus et conseillent de creuser un nouveau forage un peu plus loin, ils vont vérifier la présence d’eau et le débit potentiel
La gestion de l’eau est devenue compliquée, L’absence d’eau en provenance du forage ne permet plus d’exploiter le potager et a provoqué la réduction du nombre des vaches à 8 bêtes.

La covid a touché 3 membres du staff et aucun enfant. Les jeunes nous disent que Dieu les protège. La vaccination est possible avec les vaccins AstraZeneca, Johnson & Johnson et Sinovac pour les 35 ans et plus. Bref, ce n’est pas vraiment un sujet. Nous avons quand même amené des masques, du gel et des tests antigéniques. Les écoles ont été fermées pendant presque un an, puis ont été rouvertes par demi-classes. Aujourd’hui les enfants ont repris un rythme normal avec port du masque à Addis.

La jeune F. est sur ses jambes, c’est encore fragile mais quel progrès! Nous insistons auprès de Tamiru pour qu’elle puisse être scolarisée ou placée au moins à mi-temps dans une structure spécialisée, quitte à lui dédier une personne pour ce faire. Je demande que l’on en évalue le coût et la faisabilité.

Le kiné A.T est félicité par Tamiru pour son implication auprès des enfants et du staff, il traite au fil du temps les douleurs et courbatures des membres du staff.

Le docteur K.D intervient trois jours par semaine et au besoin dans le centre ou à son cabinet.

Un de nos infirmiers, est en formation pour devenir health officer, c’est une formation complémentaire au métier d’infirmier pour gérer l’hygiène et des aspects plus psychosociaux. C’est lui qui reprend en mains les jeunes atteints de HIV quand ils ne prennent pas correctement leur traitement. Il a un bon contact avec eux et nous convenons avec Tamiru de le rencontrer.

Au total, nous employons trois infirmières et deux infirmiers.

Le cahier de rapport des infirmières est bien rempli et de manière régulière. Mais la pharmacie est vide et les jeunes se plaignent de cela.

Tamiru a des nouvelles des jeunes qui ont quitté la structure, pour la plupart ils ont évolué dans la société éthiopienne et ont une situation professionnelle correcte.

Certains reviennent à Burayu afin d’expliquer leur parcours. Il s’avère qu’ils sont difficilement entendus notamment par les jeunes porteurs du VIH qui ont un grand manque de confiance en eux et n’arrivent pas à se projeter dans un avenir positif.

Nous avons visité l’ONG MEKDIM qui est en contact avec l’association Passerelle et Tamiru pour apporter son soutien aux enfants HIV de l’orphelinat. Nous avons été reçus par son directeur Ato Mengistu qui nous a fait visiter le Head office et la clinique. Nous convenons de leur faire faire un audit des pratiques de l’orphelinat concernant les enfants HIV et de nous faire ensuite une proposition de coopération. Ils prévoient de rencontrer les jeunes et les travailleurs sociaux, d’intervenir dans les écoles fréquentées par les enfants du centre. Mekdim existe depuis plus de 20 ans, emploie plus de 300 intervenants et soigne 62000 personnes atteintes du Sida. Ce sont vraiment des spécialistes.

 

Le moral du staff n’est pas bon eu égard aux événements dans le nord du pays, toutes les ressources du pays vont vers le nord et la peur de la suite s’installe avec le temps qui passe. Les évènements s’emballeront d’ailleurs pendant notre séjour avec la mise en place de l’état d’urgence et l’appel à l’union nationale par Abiy Ahmed.

Les jeunes qui ont eu le permis de conduire ne trouvent pas de travail car ils n’ont pas d’expérience de conduite et les employeurs n’osent pas leur confier des véhicules même légers. Nous cherchons un centre de formation qui pourrait faire une formation supplémentaire pratique sur plateau et sur route avec délivrance d’un certificat afin de  convaincre des employeurs potentiels.

Nous en venons à parler de l’attitude de certains plus grands. Ils sont irrespectueux avec les gardiens âgés, ils les insultent et ne respectent pas les règles du centre…Il semble qu’il s’agisse d’une dizaine de jeunes qui perturbent le fonctionnement.

Les passionnés de foot prêts pour un match !! Les tenues ont été données par l’association « Graines d’Ethiopie »

Nous repartons avec le sentiment que nous pouvons être fiers du travail effectué sur place et de la façon dont Tamiru et l’équipe d’encadrement gèrent Burayu.

Le staff nous fait confiance et nous est fidèle. Les enfants comptent beaucoup sur nous, notamment dans la période d’incertitude actuelle.

Maria Richet et Jean François Gillet

Fermer le menu